Qualité recherchée, l’influence devient un ingrédient majeur du style de management des dirigeants des années 2.0.
La génération Y ne veut pas se contenter d’exécuter des décisions, faire appliquer des processus sans être intimement convaincue du sens des actions proposées.
Une perception ambiguë ?
Le terme anglais « to influence » a une connotation positive que son cousin français ne porte pas toujours aussi clairement.
Nous n’aimons pas lorsque quelqu’un cherche à nous influencer, et pourtant nous cherchons à avoir cette influence lorsqu’un projet nous tient à cœur et que nous avons besoin d’adhésion collective à notre initiative.
Etre perçu comme un(e) dirigeant(e) influent(e) nourrit notre estime de soi. Que le mot « manipulateur/manipulatrice » soit lâché, et nous perdons tout crédit. Ou se situe la frontière? Nous arrive-t-il de manipuler notre auditoire inconsciemment?
Je ne le crois pas.
Nous sommes responsables de nos actes et de nos décisions. Et nous pouvons clairement identifier ce qui ce passe en nous lorsque nous voulons partager une idée, un projet, ou recueillir un avis sur une orientation.
C’est essentiellement notre intention…
… qui fait la différence entre influence et manipulation.
Si nous abordons l’autre en ayant l’intention de lui faire prendre la décision qui nous convient, nous sommes probablement enclin à user de manipulation pour arriver à nos fins.
Si en revanche nous sommes dans une intention d’échange authentique et que nous ne préjugeons pas de la meilleure décision que peut prendre l’autre, alors c’est tout différent.
Le conflit de solutions n’est pas un conflit de personnes.
Si l’intention était de faire adopter notre solution par l’autre, et que celle-ci ne lui convienne pas, il y a fort à parier que le sentiment qui va dominer sera très différent. Probablement ressentirons-nous de la frustration, mais aussi de la colère contre l’autre.
Et nous avons tort.
Tort de penser que seule la solution que nous imaginons remplit le besoin sous-jacent que nous avons. Car à un besoin peuvent correspondre d’innombrables stratégies. En nous enfermant dans nos croyances ou notre stratégie, nous nous coupons de nos besoins réels.
Bien se connecter à nos besoins sous-jacents.
C’est la clé pour être, ici et maintenant, pleinement conscient de ce qui se joue pour nous. Et c’est la clé pour être disponible et ouvert à l’écoute de l’autre dans sa différence. Manipuler, c’est exercer le pouvoir SUR l’autre (voire à son détriment), influencer c’est AVEC.
Et si nous devenions influent(e)s en étant d’abord en accord…avec nous-même !
Stéphane Loiret – Juillet 2015
Exact, ce n’est pas seulement la génération Y qui réagit comme cela.
Je suis bien d’accord AVEC vous Christian. Merci pour ce commentaire. Stéphane Loiret
[…] Management 2.0: être influent est essentiel. Pour autant, influencer et manipuler sont 2 postures bien différentes. La génération Y l'a compris et plébiscite une autre idée du leadership. Lire la … […]
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Bonjour Stéphane, et merci pour cet article. J’abonde dans votre sens. Une des frontières les plus simples pour distinguer l’influence de la manipulation consiste à déterminer si les objectifs et les motivations exprimées par les protagonistes sont sincères ou non – en somme, s’il y a un « agenda caché ». Quant à l’influence… il faut la réhabiliter. Car la dimension de l’influence existe dès lors que l’on entre en relation. En somme, et pour paraphraser Watzlawick : « on ne peut pas ne pas influencer »
Bonjour Marc, merci pour cet apport, et le lien que vous invitez à faire avec avec la sincérité. C’est l’occasion rêvée, d’une transition pour annoncer un prochain article sur l’authenticité. A très bientôt, Stéphane
Article extrêmement pertinent : j’ajouterais un commentaire qui va dans le même sens : parvenir à considérer de manière égale la pertinence de ses pairs et de soi-même! Plus cet équilibre est solide, et plus vous pourrez démultiplier votre influence. On parle en quelque sorte ici d’honnêteté intellectuelle.
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je me posais cette question : influencer est-ce manipuler ? et voilà que je tombe sur cet article très éclairant. C’est l’intention qui fait la différence . Que pensez de ceux qui ont toujours peur d’être manipulés. ? cet article résonne bien avec celui que je viens d’écrire. J’aime ce genre d’échos. C’est toujours intéressant et enrichissant. http://larevolutioninterieure.com/2013/06/24/lintelligence-emotionnelle-au-service-du-leadership/
Merci Sandra pour votre commentaire et le partage de votre article sur l’intelligence émotionnelle. Les émotions sont l’expression de ce qui est vivant pour nous. Agréables ou non, elles nous invitent à prendre en compte que certains de nos besoins sont nourris ou en manque dans une situation donnée. Les accueillir nous donne pleinement la chance de vivre plus heureux. Dans le cadre du travail, c’est aussi une chance de pratiquer un autre management, plus authentique, que d’accepter l’émotion. En les refusant n’est ce pas prendre le risque de nous faire dépasser par elles (violence, dépression, agressivité…)? A vous lire, bien cordialement, Stéphane
Merci de votre réponse Stéphane.
la question aujourd’hui est de savoir si cette façon de voir les choses a une chance de se développer en France.
les dirigeants de demain seront-ils formés à l’intelligence émotionnelle ?je l’espère.
Bien cordialement sandra
J’arrive sur votre article parce que la révolution intérieure l’a référencé. Et je le trouve très pertinent. Il me semble -pour avoir connu plusieurs dirigeants manipulateurs- que c’est cette pression psychologique qui les caractérisent qui n’a rien à voir avec une influence saine. La pression se situe souvent dans le non-verbal pour faire faire et le peu de cas qu’un manipulateur accorde aux émotions éveillées chez le manipulé, qui est considéré comme sa chose.
Il me semble moi, qu’il y a beaucoup d’inconscience dans la manipulation. Une pulsion non éclaircie. D’ailleurs, je me suis souvent demandé si un des problèmes du manipulateur n’était pas une extrême fragilité face à un « non » potentiel de son interlocuteur. Qu’il se débrouille alors pour l’obliger à suivre son programme. En fait, il ne connaît pas la coopération.
Merci Marc et Stéphane, vos commentaires et articles divers m’ont bien aidée pour mon mémoire.