LES PREMIERS TEMPS
Myriam vient de prendre son poste depuis 21 jours. Bien qu’elle n’ait pas changé d’entreprise, elle vient de faire ce qu’elle n’avait jamais fait dans ses précédentes prises de poste. Myriam a activement préparé, implanté et suivi son propre plan d’intégration. Et celui-ci lui a permis d’identifier les 35 personnes prioritaires avec lesquelles nouer une relation était critique dès les premières semaines.
Il s’agit de toutes les personnes avec lesquelles elle va interagir dans son métier: ses hiérarchies fonctionnelle et opérationnelle, ses collaborateurs, ses futurs clients internes et les personnes ressources qu’elle devra probablement solliciter dès les premiers dossiers à porter.
Plus subtilement, elle prend soin de tenir informées les personnes « référantes » qui peuvent avoir un rôle de collecte d’appréciation sur sa manière d’être et de tenir son rôle (DRH, personne de grande ancienneté dans la division, N+2, certains pairs et certains collègues de son propre patron).
REVISITER LES IDEES RECUES
Myriam fait cela car elle a pris conscience de 3 vérités qui se sont imposées comme un choc.
La première, c’est que 6 années d’ancienneté ne garantissent en rien qu’elle sera acceptée dans son nouveau rôle plus facilement qu’un candidat recruté de l’extérieur.
La seconde, c’est que l’état de grâce, quand il existe, ne dure plus 100 jours comme au siècle dernier.
La troisième c’est qu’il est rare de perdre son poste ou de devoir le quitter par manque de compétence. Cela arrive, mais vous quittez ou perdez votre job le plus souvent parce que vous n’avez plus de sponsor pour défendre votre légitimité à un moment donné. Votre patron change, vos pairs sont indifférents, aucun client interne ne se manifeste pour déclarer vos qualités, les personnes ressources n’ont pas plus de plaisir à travailler pour vous que pour un autre… et vous êtes effacée de la liste des personnes clés de l’entreprise, puis des personnes utiles.
PRENDRE DU TEMPS POUR EN GAGNER
Alors depuis 21 jours, Myriam a pris contact et rencontré en tête-à-tête ou en vidéoconférences, toutes ces personnes. Seules. Pendant 30 à 45 minutes voire 1 heure pour certaines.
Elle a pris 5 à 10 minutes pour parler d’elle et accueilli la parole de ses interlocuteurs et échangé le reste du temps.
Avant (lorsqu’elle n’avait jamais perdu son job), elle rencontrait aussi ses collaborateurs mais dans un mode « utilitaire », sans prendre soin de la qualité de la relation, uniquement des aspects techniques de la collaboration. Et puis en bon soldat, en bon directeur, elle s’appliquait à démontrer sa valeur en se plongeant tête baissée dans les dossiers pour vite « délivrer » du résultat.
« Ce qui change, c’est que je reçois bien plus sans attendre quoique ce soit. Les gens sont tellement heureux de partager un moment vrai, ou nous laissons de la place pour la qualité de la relation, que je reçois beaucoup de gratitude. Je suis surprise d’aller plus vite à connaitre plus profondément l’organisation et ses codes par ces échanges. Et je peux quelques jours après compter assez naturellement sur de nombreux conseils, et sur autant de ressources et personnes qui sont heureuses de s’associer sur mes premiers dossiers. »
Je suis heureux pour Myriam qui réalise qu’à l’heure des échanges électroniques, une poignée de main vaut toujours bien plus qu’une poignée de clics. Je réalise aussi à quel point la relation ne s’oppose pas à l’action.
En accordant ainsi son attention à cette relation, Myriam nourrit ses actions d’un autre esprit.
Et je veux croire que les fruits récoltés seront plus nombreux et plus variés. Et d’une autre saveur.
Pendant ce temps, petit à petit Giorgio aussi fait son nid. À suivre…
Stéphane Loiret – Janvier 2013
[…] Un changement professionnel, c'est une chance de se développer personnellement et d'améliorer durablement sa performance. N'attendez pas que l'entreprise gère votre carrière, mobilisez vos propres ressources ! […]
[…] comme Myriam il a passé du temps à se faire connaitre. A la différence de Myriam, son poste est très exposé […]
Merci de votre contribution. J’ajouterais, que s’intéresser sincèrement à l’autre, dans l’écoute, sans chercher à l’aider ni le juger nous demande d’abandonner nos habitudes. la plupart du temps, j’ai retiré de cette expérience une qualité de présence qui fonde la base d’une relation plus riche et durable. Excellente journée, Stéphane Loiret